Les magasins bios ont le vent particulièrement en poupe ces dernières années, et il existe de nombreuses opportunités sur le marché. Comme tous les commerces alimentaires, l’ouverture d’un magasin de produits bios nécessite de concevoir un projet solide et bien réfléchi. On vous donne les étapes une à une !
Quel est l’intérêt de vendre des produits bios ?
De plus en plus de personnes s’inscrivent dans une démarche d’alimentation saine et respectueuse de l’environnement. Cela peut passer par une consommation plus raisonnée de la viande, mais également par la consommation de produits bios. Manger bio signifie en effet :
- Protéger sa santé ainsi que celle des agriculteurs ;
- Protéger la biodiversité ;
- Protéger les sols et les nappes phréatiques.
Si les produits issus de l’agriculture biologique sont souvent plus chers, ils bénéficient cependant d’une clientèle fidèle et dévouée à la cause. L’entrepreneur peut décider d’ouvrir un magasin bio afin de rester en adéquation avec ses propres valeurs, mais également pour saisir une opportunité entrepreneuriale réelle sur un marché qui ne cesse de s’agrandir et de se diversifier.
Comment créer un commerce alimentaire bio indépendant ?
Les formations et diplômes
La gestion d’un magasin bio est une activité commerciale qui ne nécessite aucun diplôme particulier. Elle exige cependant un savoir-faire qui ne s’improvise pas et, si l’entrepreneur manque d’expérience professionnelle, il peut décider de suivre une formation spécifique. Il peut par exemple s’agir d’un CAP primeur, d’un CAP équipier polyvalent du commerce, d’un bac pro technicien conseil vente en alimentation (produits alimentaires et boissons) ou encore d’un BUT techniques de commercialisation, parcours marketing et management de point de vente.
Ces formations diplômantes peuvent cependant durer de quelques mois à plusieurs années, et l’entrepreneur peut opter pour une formation courte de quelques jours à quelques semaines, qui lui permettra d’acquérir l’essentiel des connaissances et compétences nécessaires à la création et à la bonne gestion d’une entreprise. Parmi les nombreuses formations de ce type qui existent, on peut citer la formation « 5 jours pour entreprendre » proposée par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI).
Le concept (bio, local, en vrac, etc.) et l’emplacement
L’entrepreneur doit tout d’abord bien réfléchir à son concept. Souhaite-t-il vendre des produits exclusivement bios ou majoritairement bios ? Souhaite-t-il proposer des gammes de produits locaux ? Souhaite-t-il privilégier le circuit court ? Souhaite-t-il proposer des produits en vrac, dans une démarche de développement durable ? Souhaite-t-il proposer des produits issus du commerce équitable ? Envisage-t-il de vendre des compléments alimentaires ? Quelles valeurs souhaite-t-il mettre en avant ?
Une fois son concept bien défini, il pourra commencer à rechercher l’emplacement idéal pour son commerce, selon ses préférences personnelles, la concurrence, le lieu de résidence et de travail de sa clientèle cible, etc. Le choix de l’emplacement joue un rôle primordial dans le succès de tout commerce de proximité et permettra de réaliser une étude de marché détaillée.
L’étude de marché
L’étude de marché consiste à analyser quelques grands aspects du projet entrepreneurial :
- Le marché - Quelles sont ses tendances ? Comment a évolué le chiffre d’affaires global du secteur ces dernières années ? Combien y a-t-il de créations et de fermetures de magasins bios chaque année ? Existe-t-il un marché à l’international ?
- La concurrence - Quelle est la concurrence directe (autres magasins bios indépendants et en franchise) et indirecte (grandes surfaces ayant un rayon bio, épiceries bios en ligne, etc.) ? Quel est le chiffre d’affaires des concurrents ? Quels sont leurs effectifs ? Quelle est leur politique de prix ? Leurs clients sont-ils satisfaits ? Quels sont leurs points faibles et leurs points forts ? Quelle est leur stratégie marketing ?
- Les futurs clients - Qui sont les consommateurs finaux ? Quels sont leur pouvoir d’achat, leur catégorie socioprofessionnelle, leurs besoins, leurs attentes, leurs habitudes de consommation, leur lieu de vie et de travail ? Quelles sont leurs valeurs ? Quels canaux de communication privilégient-ils ?
- Les produits et les services - Quels sont les produits qui seront proposés à la vente ? Quelle est leur qualité ? Quelle fourchette de prix l’entrepreneur pourrait-il appliquer ? Avec quels fournisseurs l’entrepreneur envisage-t-il de travailler ? Où se situent-ils ? Quels seraient les coûts en approvisionnement ? Répondent-ils aux valeurs de l’entreprise (produits locaux, en circuit court, etc.) ? Quels services complémentaires le magasin bio pourrait-il proposer afin d’augmenter la satisfaction client (livraison à domicile, commande en ligne, etc.) ?
- La stratégie marketing - Quelles techniques marketing l’entrepreneur pourrait-il mettre en place en magasin (offres promotionnelles, cartes de fidélités, etc.) ? Comment compte-t-il faire connaître son commerce à son ouverture (opérations de street marketing, contact avec la presse locale, campagne de publicité sur les réseaux sociaux, etc.) ? Quelle sera la communication de l’entreprise ? Quels seront les canaux utilisés, le type d’informations véhiculées, le langage employé ?
L’étude de marché permet ainsi de déterminer si le concept et l’emplacement envisagés par l’entrepreneur sont viables sur le court, moyen et long terme, et d’affiner le projet entrepreneurial. Elle peut être réalisée par l’entrepreneur lui-même ou par un cabinet d’experts en entreprise, d’experts en fiscalité ou encore d’experts-comptables. Le coût de la prestation s’élève alors de 2000 à 5000 euros selon le projet et l’entreprise mandatée.
Le business plan
Une fois son concept et son emplacement validés, l’entrepreneur peut procéder à la rédaction de son business plan. Il devra ainsi présenter son entreprise, le nom commercial, le statut juridique, ses associés s’il en a, le capital social, ses qualités de dirigeant d’entreprise, les effectifs envisagés, les produits et services proposés, la stratégie marketing, le local commercial, son emplacement, les travaux nécessaires, l’aménagement envisagé ainsi que toutes les données financières du projet (seuil de rentabilité, marge appliquée sur les produits, chiffre d’affaires prévisionnel, plan de financement, etc.).
Le business plan permet de définir ses objectifs et les moyens pour y parvenir, et de défendre son projet auprès des banques afin de sécuriser des financements.
Le crédit bancaire et l’apport personnel
Le budget de création d’une entreprise de produits bios comprend les frais liés aux locaux de l’établissement, l’achat du matériel (présentoirs, vitrines réfrigérées, caisse enregistreuse, matériel informatique, etc.), les frais d’assurance, les frais d’embauche, l’achat du stock initial de marchandises, les frais comptables, le coût de l’étude de marché, le coût du permis d’exploitation si l’entrepreneur souhaite vendre de l’alcool, etc.
L’investissement initial nécessaire à l’ouverture d’un magasin bio est important et nécessite l’obtention d’un prêt bancaire. L’entrepreneur devra ainsi prouver aux banques la viabilité de son projet, notamment grâce à la présentation de son business plan. Si les banques sont convaincues, elles demanderont un apport personnel de 20 à 30 % du montant total nécessaire. Cet apport a pour objectif de répartir les risques et de s’assurer que l’entrepreneur prend toutes ses responsabilités dans ce projet.
Afin de constituer son apport personnel, l’entrepreneur peut utiliser son patrimoine personnel ou se tourner vers des solutions alternatives : le prêt ou don d’argent des proches, le crowdfunding, l’entrée au capital d’un associé, le prêt d’honneur ou encore une aide de l’État (par exemple le programme de reconquête si l’entrepreneur souhaite s’établir en zone rurale).
L’optimisation de la rentabilité
L’objectif principal d’un commerce est d’atteindre une belle rentabilité, qui lui permettra non seulement de survivre mais également de se développer, d’anticiper les éventuels problèmes et de rémunérer au mieux son dirigeant.
Il existe plusieurs pistes à explorer afin d’optimiser la rentabilité d’un magasin de détail alimentaire. L’entrepreneur peut notamment :
- Négocier au mieux ses contrats d’approvisionnement et réaliser des économies d’échelle en achetant ses marchandises en gros ;
- Optimiser les flux en magasin (déchargement des marchandises, contrôle qualité, stockage, réassort, etc.) ;
- Embaucher du personnel compétent ;
- Réduire ses dépenses énergétiques ;
- Fidéliser sa clientèle grâce à des opérations marketing pertinentes.
La réglementation
Les magasins bios sont soumis à une réglementation stricte. Ainsi, l’entrepreneur et son personnel doivent respecter les normes d’hygiène et de sécurité alimentaire en vigueur, notamment en ce qui concerne la chaîne du froid, la gestion des déchets, les conditions de stockage des produits ou encore l’entretien des locaux et des équipements.
Par ailleurs, si le magasin bio compte effectuer des ventes d’alcool, l’entrepreneur devra être titulaire d’une petite licence à emporter (vin, bière, cidre, etc.) ou d’une licence à emporter (tout type d’alcool commercialisable en France). Cette licence est obtenue par déclaration en mairie après avoir acquis un permis d’exploitation, à l’issue d’une formation de 20 heures dispensée par un organisme agréé.
Le commerce devra respecter les règles d’étiquetage de ses produits ou d’affichage à proximité si les produits ne sont pas préemballés : affichage des prix en poids ou en volume, date limite de consommation, état du produit, origine des viandes, liste des ingrédients, mise en évidence des ingrédients allergènes, etc.
Enfin, le magasin doit s’assurer de la conformité et de l’exactitude de ses instruments de pesage. Ses équipements techniques doivent respecter la tranquillité du voisinage, et ses locaux doivent respecter les normes d’accessibilité et de sécurité incendie en vigueur.
Comment faire pour créer une boutique en franchise bio (Biocoop, Le Grand Panier Bio, etc.) ?
Les franchises bios connaissent un véritable essor cette dernière décennie. Ce modèle économique attire en effet de plus en plus d’entrepreneurs, qui profitent de nombreux avantages tout en conservant leur indépendance juridique.
Le principe de la franchise est simple : les entrepreneurs versent un droit d’entrée unique à la signature du contrat puis des redevances chaque année, en échange de quoi ils peuvent bénéficier de la notoriété de l’enseigne, d’une assistance commerciale et logistique, d’un modèle économique solide, d’un réseau de fournisseurs et de contrats d’approvisionnement déjà négociés, de formations, de l’identité visuelle de la marque ainsi que de ses supports de communication et de sa stratégie marketing.
L’ouverture d’un magasin bio en franchise demande d'effectuer les mêmes démarches que l’ouverture d’un magasin bio indépendant, excepté que l’entrepreneur devra se présenter à l’enseigne avant de contacter les banques, puis signer le contrat de franchise qui définit toutes les obligations des 2 parties.
En France, on peut citer de nombreuses franchises bios : Biocoop, Eau vive, Le Grand Panier Bio, etc.
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