Que vous soyez restaurateur, boulanger, pâtissier, boucher, fleuriste... acheter ou ouvrir votre futur commerce constitue un projet sérieux, qui se doit d’être à la fois bien défini et bien préparé. Sur le plan financier, cela signifie notamment d’avoir mûri l’ouverture prochaine de votre établissement. Pourrez-vous injecter un apport personnel ? Devrez-vous contracter un emprunt bancaire ? Ou allez-vous vous tourner vers d’autres types de financement ? Quel que soit votre choix, l’objectif est clair : donner toutes ses chances de réussite à votre futur commerce ! La MAPA vous guide dans les financements existants.
1. Constituer un apport personnel pour financer son commerce
L’autofinancement
Au démarrage, comment les créateurs financent-ils leur entreprise ? Selon l’Agence pour la création d’entreprise (APCE), 49% d’entre eux misent sur leurs propres deniers pour lancer leur concept et/ou acheter leur fonds de commerce alors qu’ils sont environ 15% à contracter un emprunt bancaire. Il est vrai qu’avoir recours à l’autofinancement constitue un atout indéniable. En effet, l’apport personnel permet de limiter voire d’éviter complètement l’emprunt bancaire, qui pèse souvent lourd sur la trésorerie. Economiser semble donc une solution intéressante avant de créer son commerce. Toutefois ce mode de financement peut s’avérer limité lorsque les investissements de départ se chiffrent à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Dans ce cas, des financements extérieurs pourront vous permettre de faire aboutir votre projet.
Le love money
Les créateurs d’entreprise peuvent également solliciter leur famille, leurs amis ou les membres de leur réseau professionnel pour obtenir un prêt ou une donation. On parle alors de « love money », littéralement « l’argent de l’amour ». En 2016, un quart des entrepreneurs en moyenne ont utilisé ce moyen de financement. Si cette méthode peut sembler naturelle, car les proches sont bien souvent les plus à même de soutenir votre projet et à y croire, il est conseillé de fixer clairement les termes du don ou de l’emprunt. A ce titre, sachez que si le prêt est supérieur à 760 euros, il devra faire l’objet d’une déclaration au centre des impôts de l’emprunteur (Cerfa n°2062) dans l’année qui suit sa conclusion. Cette dernière est à joindre à la déclaration de revenus. Quoi qu’il en soit, cette solution peut s’avérer intéressante pour compléter un prêt bancaire, notamment lorsque les banques exigent un apport personnel conséquent (en général d’environ 30% selon BPI France).
2. Recourir au prêt pour ouvrir son commerce
Le prêt bancaire
Dans le cas où les fonds propres sont insuffisants, les établissements bancaires constituent un interlocuteur clef pour financer votre projet grâce à l’octroi d’un emprunt. Avant de rencontrer des banquiers, il est important de bien préparer votre entretien et d’autres éléments qui appuieront votre demande :
- Réalisation d’un prévisionnel (étude de marché, plan de financement, compte de résultat pour calculer la rentabilité de l’entreprise, plan de trésorerie… ) ;
- Présentation de votre expérience et de votre motivation ;
- Constitution d’un apport personnel, etc.
Si vous reprenez un fonds de commerce existant telle qu’une boulangerie, privilégiez un entretien avec un banquier situé dans la zone géographique de votre futur commerce, car ce dernier connaîtra davantage le tissu économique local et pourra vous accompagner de manière plus adaptée.
Le prêt brasseur
Si vous ouvrez un restaurant, une brasserie ou un café, le prêt brasseur peut constituer un véritable atout pour votre trésorerie. Par ce contrat, le professionnel d’hôtellerie-restauration accorde à un fournisseur une exclusivité sur son approvisionnement en boissons sur une période donnée. En contrepartie, le futur établissement obtient le droit de payer les commandes en différé. Selon Brasseurs de France, près de la moitié des établissements en France sont aidés par les brasseurs. Si vous optez pour ce mode de financement au démarrage de votre activité, veillez toutefois à bénéficier de tarifs concurrentiels auprès du fournisseur car l’engagement peut s’étaler sur des périodes plus ou moins longues.
Le micro-crédit professionnel
En France, le Conseil National de l’Information Statistique (CNIS) a défini le micro-crédit professionnel comme un prêt, octroyé à des personnes qui ne peuvent accéder au financement classique, et ayant pour objet de financer la création, le rachat ou la consolidation d’une petite entreprise artisanale ou commerciale. Le CNIS distingue deux types de micro-crédits professionnels :
- Le micro-crédit professionnel classique (généralement inférieur à 25 000 euros) accordé à titre onéreux par une banque ou une structure extra-bancaire habilitée ;
- Le micro-crédit professionnel à caractère de fonds propres qui peut être accordé à titre onéreux ou gratuit tel le prêt d’honneur.
Selon une étude du Réseau Européen de la Microfinance, sur 550 000 entreprises créées en France, 60 % ont eu besoin d’un micro-crédit inférieur à 16 000 euros au démarrage. Les principaux organismes de micro-crédit professionnel de l’hexagone (ADIE, France Active, Initiative France) ont attribué plus de 197 000 micro-crédits professionnels en 2017.
3. Choisir des modes de financement participatifs pour ouvrir son commerce
Le crowdfunding
Très en vogue depuis quelques années, le crowdfunding (financement participatif) permet de renforcer des fonds propres grâce à des dons, des prêts ou des investissements récoltés via une plateforme en ligne. En France, les fonds collectés dans le cadre du crowdfunding s’élevaient à plus de 620 millions d’euros au 1er semestre 2018 contre 233,8 millions d’euros en 2016. Une progression fulgurante notamment pour le financement d’entreprises. En effet, les fonds de prêt aux entreprises ont progressé de 150% en un an. Pour en bénéficier, les professionnels, qui souhaitent ouvrir un commerce, doivent présenter leur projet sur des plateformes dédiées et surtout convaincre ! Pour augmenter vos chances de réussite, pensez à raconter de manière attractive votre projet et à agir avec méthode et pugnacité.
Les business angels
Les business angels, ou "angel investors" sont des particuliers, souvent des dirigeants d’entreprise ou d’anciens entrepreneurs, qui croient en votre projet et veulent investir dans le capital en vous proposant de devenir actionnaire. La contrepartie ? Un droit de regard sur la stratégie d’entreprise et parfois même des dividendes ! Un financement intéressant mais qui nécessite de disposer d’un concept innovant et d’être prêt à partager le leadership. En France, les business angels représentaient en 2018 environ 43 millions d’euros d’investissements (principalement dans le domaine du numérique, du médical et de l’industrie).
4. Bénéficier d’aides publiques
L’Aide au chômeur (ACRE) créant ou reprenant une entreprise
Enfin, les professionnels des métiers de bouche qui souhaitent ouvrir leur commerce peuvent bénéficier de certaines aides financières parmi lesquelles des aides publiques. Si vous êtes demandeur/demandeuse d’emploi, Pôle Emploi permet de financer votre création d’entreprise par le maintien des allocations chômage ou par la mobilisation de l’Aide au Retour à l’Emploi (ARE) en capital (ACRE). Le demandeur ou la demandeuse d’emploi pourra également bénéficier d’une exonération totale ou partielle des charges sociales sur la première année d’activité et d’une aide financière d’un montant équivalent à 45% de l’ARE.
Les subventions à la création d’entreprise
Bien que de plus en plus rares, certaines collectivités locales proposent des aides à la création/reprise d’entreprise sous forme de subventions. Chaque institution (région, conseil départemental, communes, etc.) ayant ses propres spécificités, n’hésitez pas à les interroger.