Les perturbateurs endocriniens occupent l’espace médiatique depuis plusieurs années. Ce sujet de santé, parfois mal compris, est aujourd’hui au cœur de nombreux changements législatifs. Que sont exactement les perturbateurs endocriniens ? Comment les contourner, s’en protéger ? Que dit la loi à leur sujet ? Établissons ici un point complet pour vous aider à mieux comprendre le côté néfaste des perturbateurs endocriniens dans votre vie quotidienne.
Les perturbateurs endocriniens : définition, origine, impact sur la santé
Définition d'un perturbateur endocrinien
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), un perturbateur endocrinien est « une substance ou un mélange de substances qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)- populations ».
En clair, il s’agit de substances ayant une action néfaste sur le système hormonal. Celles-ci sont présentes dans l’environnement ou dans des produits de consommation. Les perturbateurs endocriniens viennent « troubler / perturber » le fonctionnement logique des hormones naturelles. Le perturbateur endocrinien remplace une hormone naturelle, et ce faisant, dérègle la production et la régulation normale des hormones et de leurs récepteurs.
Il faut distinguer deux origines possibles aux perturbateurs endocriniens :
- Les perturbateurs endocriniens d’origine naturelle : c’est le cas par exemple des hormones. Leur présence transmet des messages et génère des actions / réactions ;
- Les perturbateurs endocriniens qui résultent des activités humaines : c’est le cas par exemple des substances contenues dans l’alimentation, dans des cosmétiques, des vêtements, des produits de traitement des cultures, des médicaments, etc. Le bisphénol A est sans doute le composé chimique / perturbateur endocrinien le plus connu.
Les répercussions supposées de ces perturbateurs endocriniens sont nombreuses : tant la production que le stockage de l’énergie dans le corps peuvent être touchés. Ce sont aussi des conséquences néfastes sur la reproduction et sur la fertilité qui sont associées aux perturbateurs endocriniens. N’oublions pas aussi des actions qui amènent à un abaissement de l’âge de la puberté, des malformations du développement, l’apparition de certains cancers ou encore de diabète. La liste est longue.
Les actions de la France face aux perturbateurs endocriniens
Le volet législatif associé aux perturbateurs endocriniens est assez complexe à appréhender. Si le problème des perturbateurs endocriniens est connu, et continue de soulever des interrogations dans l’opinion publique, il faut toutefois se rendre à l’évidence : le lien de causalité entre les perturbateurs et leurs conséquences sur la santé reste difficile à établir. En effet, les nombreuses études menées, notamment sur des animaux, suscitent des contestations. Quels perturbateurs ont des effets réels sur la santé humaine ? À partir de quelle concentration ? Selon quelle exposition, et à quelle période de la vie (fœtus, enfance, adolescence) ? Autant de questions qui semblent ralentir la mise en place d’une vraie loi pour protéger les consommateurs.
Depuis 2014, la France a mis en place une stratégie de recherche pour comprendre l’action des perturbateurs endocriniens. Au même titre que le Danemark et la Suède, la France explore le sujet : via la formation des professionnels de santé, l’identification des substances les plus nocives, ou encore la mise en place de mesures pour évaluer les effets d’une réduction de l’exposition.
Reste que les mesures concrètes manquent. Oui, l’exposition aux perturbateurs endocriniens via l’eau est encadrée (par une directive européenne), mais tant l’air que les sols échappent aux contrôles. Le monde alimentaire ? Le monde cosmétique ? Idem.
Perturbateurs endocriniens et alimentation
80 % de l’exposition aux perturbateurs endocriniens se fait par la voie alimentaire (selon le rapport d’expertise sur l’évaluation des risques liés à l’exposition au bisphénol A). C’est ce qui a mené le Parlement, à adopter à la fin de l’année 2012, une loi qui interdit tant la fabrication que la mise sur le marché de tout conditionnement à vocation alimentaire contenant du bisphénol A.
On voit avec ce chiffre le rôle essentiel que peuvent jouer les professionnels de l’alimentation, et notamment tous les acteurs des métiers de bouche. Face à une méfiance constance des consommateurs, il est primordial de leur apporter plus de sécurité, plus de choix, et une information claire. Comment ?
- En limitant les contenants (comme les bouteilles, les conserves, les canettes et autres sacs plastiques). Le contact de ces matières avec les produits alimentaires peut développer la présence de perturbateurs endocriniens.
- En développant une offre de produits bio, et en généralisant une approche éco-responsable. Des produits qui respectent les principes de l’agriculture biologique, soigneusement lavés et préparés, limitent l’exposition aux perturbateurs endocriniens.
- Enfin, en développant sur le point de vente des réflexes sanitaires écologiques. Le savon de Marseille, le vinaigre blanc et le bicarbonate de soude connaissent un réel engouement auprès des consommateurs, comme alternatives aux produits ménagers « chimiques ». Adoptez-les, et pensez à des équipements (gants, tabliers, torchons) exempts de perturbateurs endocriniens.
Si le gouvernement doit agir auprès de l’Union européenne pour faire évoluer la réglementation et interdire des perturbateurs endocriniens, l’action de chacun est également nécessaire. Il s’agit d’une question de santé publique capitale, qui nous concerne tous, chaque jour.