C’est une grosse journée qui se prépare aux Délices du Prat-Ledan, la plus grosse de l’année… À la veille de Noël, tous les fidèles de la boulangerie-pâtisserie s’apprêtent à venir chercher pains et viennoiseries pour les festivités. Mais tout bascule après le départ de feu au laboratoire… Six mois plus tard, l’incendie demeure certes un traumatisme pour son gérant, Yoann Le Roux, mais il a été aussi l’opportunité de rebondir. Explications.
Le drame
Il est 8 heures, ce lundi 24 décembre 2018, lorsque le boulanger des Délices du Prat-Ledan appelle Yoann Le Roux, propriétaire de la boulangerie-pâtisserie située à Brest. Un bruit inhabituel sort du four. Yoann le Roux se positionne devant ce four qu’il connaît maintenant depuis six ans. Habitué à son fonctionnement, il connaît également ses moindres bruits, réactions. Le four est éteint depuis 30 minutes, alors pourquoi vrombit-il ? Et pourquoi ce bruit sourd s’intensifie-t-il ? La réponse arrive quelques minutes plus tard avec les fumées qui s’échappent du four. Le tuyau d’évacuation des fumées et des gaz qui traverse le labo devient rouge incandescent. Des flammes sortent des jointures. Après avoir fait sortir ses employés et appelé les pompiers, Yoann Le Roux, instinctivement, décroche un extincteur. « J’ai essayé de combattre le feu, mais quand la poudre a atteint le métal en fusion, une fumée ultra-épaisse s’est dégagée. C’était irrespirable. Je suis parti tout de suite. »
Trois véhicules de pompiers arriveront peu de temps après. « Huit minutes c’est ultra-rapide, mais c’est très long en même temps. On se demande si l’immeuble va flamber, s’il va rester quelque chose dans la boutique », raconte le boulanger. L’intervention des soldats du feu empêche la propagation de l’incendie. Ils rassurent vite le jeune propriétaire de la boulangerie : le fait d’avoir actionné l’extincteur avait permis de confiner le feu et de sauver le labo. « Le labo est en sous-sol, le magasin, à l’étage, n’avait pas été touché et la structure de l’immeuble n’avait pas bougé, se rappelle Yoann Le Roux. Le matériel, les pétrins, les balancelles, la chambre de pousse… tout était en usage. Seul le four, un 24 mètres carrés répartis sur quatre étages, dont le prix s’approchait de 60 000 euros était irrécupérable. »
La réparation
Même si aucune grosse perte n’est à déplorer, Yoann le Roux est abattu. Une fois que les personnes et les biens semblent sécurisés, il appelle rapidement son assureur, la MAPA, afin d’être rassuré sur la prise en charge du sinistre. Mais à la veille de Noël, l’agence est fermée. Même constat du côté de l’électricien en charge de la vérification des installations… Yoann Le Roux, qui vit là à 30 ans son premier gros sinistre, se sent désemparé : « Je me suis installé jeune, il y a cinq ans… J’étais très inquiet pour mon chiffre d’affaires, car c’est notre plus grosse journée de l’année. Et puis, je me demandais si cela pouvait être réparé, si je pouvais reprendre tout simplement… cela a été dur de passer le réveillon avec cela en tête. » Craint-il pour autant d’être mal indemnisé ? « Quand je me suis assuré à mes débuts, j’avais posé beaucoup de questions car j’aime bien savoir où je vais. Cela permet de mieux appréhender les situations auxquelles on n’est pas préparé. Je savais que j’étais bien assuré. »
Les bons réflexes en cas de sinistre :
- En cas de sinistre au sein de votre commerce (incendie, inondation, …), la première chose à faire est de s'assurer que ni vous, ni vos salariés, ni personne ne courent un danger et d'appeler les secours.
- Une fois l'établissement évacué, l'intervention des secours terminée, il est important de prendre des mesures conservatoires, pour limiter les dégâts.
- En cas de besoin d'hébergement ou de toutes autres mesures d'urgence (vêtements et objets de première nécessité, …) vous pouvez appeler l'assistance au 08 00 17 16 17.
- Déclarer votre sinistre : en appelant votre agence MAPA ou en lui adressant votre déclaration par mail.
- Nous vous encourageons à conserver tous les éléments de preuve possible : factures, photos et restes de matériels et de mobiliers.
- Enfin, préparer un état de pertes chiffré aussi précis que possible.
Le 26 décembre, l’assureur sera le premier à le rappeler. Le rendez-vous est pris dans la journée pour faire le point sur les besoins. Julien Guillou, responsable de l’agence MAPA de Brest, arrive avec Dominique Le Gall, inspecteur régleur, ainsi que l’expert. « Tout de suite, l’inspecteur régleur m’a interrogé sur mes besoins en trésorerie, raconte Yoann Le Roux. Un premier chèque d’acompte m’a été remis, permettant de couvrir les grosses commandes passées un mois avant pour préparer les fêtes. » Un geste qui surprend le boulanger « Je ne m’y attendais pas du tout… on entend souvent qu’il est difficile de se faire payer par les assureurs, mais la MAPA a été super. Le temps que le cabinet d’experts chiffre la totalité de la perte de marchandises, la perte d’exploitation, la perte de bénéfice, M. Le Gall est venu plusieurs fois me demander si tout allait bien, notamment au niveau de la trésorerie. »
Les causes du sinistre seront vite déterminées : un ramonage mal réalisé par l’entreprise prestataire, restreignant le tirage à 30 cm au lieu de 80 cm, aura eu raison du four, dont la durée de vie n’aura été que de 10 ans.
Yoann Le Roux ajoute : « Mon ancien patron était à la MAPA. Dans notre domaine ils sont connus pour être les meilleurs. J’avais fait une estimation avec une autre assurance : on arrivait sur les mêmes prix, mais les prestations n’étaient pas du tout équivalentes. C’est une assurance faite pour les boulangers. Ils ont de l’expérience en matière de sinistre. J’ai eu rapidement l’accord pour commander le nouveau four. Et lorsqu’on m’a annoncé qu’il allait être livré avec une semaine de retard, j’ai demandé une rallonge pour la perte d’exploitation, ce qui m’a été octroyé tout de suite. »
La perte d’exploitation justement : elle a également permis de prendre en charge les salaires, évitant ainsi de placer le personnel en chômage technique et tous les tracas administratifs adjacents.
Le rebond
Aujourd’hui, le pain croustille à nouveau dans la boutique, et l’odeur de la cuisson fleure bon boulevard Mouchotte. Les quiches, croque-monsieur et sandwiches s’alignent dans la vitrine réfrigérée… Aucune trace apparente du sinistre, bien qu’il reste quelques séquelles : « C’est un mauvais souvenir et il me reste un petit traumatisme : parfois, je reviens voir si le four — qui est pourtant neuf et électrique — ne fait pas un bruit bizarre. Je vais toucher le tuyau pour avoir si ce n’est pas trop chaud… »
Mais le jeune chef d’entreprise reprend avec enthousiasme : « On a rouvert le 11 février. Même si c’est très rapide du point de vue de l’assureur, pour moi c’était très long ! » Mais ce délai a su être mis à profit par le chef d’entreprise qui en a profité pour rénover la boutique devenue vieillotte. « On ne pouvait pas le faire avant, car cela obligeait à une fermeture… c’est-à-dire une perte sèche pour nous. On a refait l’intérieur et l’extérieur. On en a également profité pour se remettre en question, prendre un nouveau départ en quelque sorte. Avec un incendie, soit vous êtes abattu, soit vous foncez… Résultat : notre chiffre d’affaires a progressé ! On est super contents, on a bien rebondi. »
Yoann est suivi par l'agence de Brest. Vous êtes commerçant et vous souhaitez assurer votre commerce ?
Écoutez aussi le témoignage audio de Yoann Le Roux et celui de ses salariés sur Murmures.